Identité et personal branding

Dans ma propre vie et dans celle de nombreuses personnes de mon entourage, j’ai remarqué qu’il y avait un lien entre la manière dont on se concevait soi-même et notre capacité à bien travailler sans en souffrir. J’ai aussi remarqué que les personnes qui me semblaient avoir le plus de succès étaient toutes très « enlignées » sur leur motivation profonde et sur un sens très clair de ce qu’était leur personnalité. J’ai aussi remarqué qu’au contraire, les gens qui souffraient le plus au travail à mon point de vue étaient ces gens misérables qui étaient « désalignée » avec leur être profond. De nombreux livres parlent de ce sujet. Ce sont des livres sur la spiritualité, le développement personnel, la motivation, la psychologie, le marketing ou l’entrepreneuriat. Chacun adresse le problème de la personnalité au travail d’un point de vue différent. Cependant, aucun de ces livres que j’ai lu ne donnait une méthode pour décomplexifier le monde du travail à ma satisfaction. C’est dans un esprit de synthèse que j’ai tenté de répondre à la question : « comment décomplexifer le monde du travail pour moins en souffrir? ».

L’effort est le signe de l’erreur

La formule est du philosophe André Moreau. N’est-ce pas là l’objectif ultime du management que de réduire l’effort pour maximiser la productivité? N’est-ce pas là la manière la plus appropriée d’articuler le fait de l’aliénation que vivent les travailleurs, en mentionnant la quantité des efforts qu’ils doivent produire en regard de la qualité de leurs conditions de travail?

Le « Connais-toi toi-même » parle d’identité

La formule célèbre de Socrate, qu’il tire lui-même du fronton du temple d’Apollon à Delphes, nous ramène à notre identité.

Étymologiquement, l’identité (ultimement, du latin idem, « même/pareil ») est définit comme « pareillement à ». On est « pareil à soi-même », donc identique. Pour l’autre, c’est « ce par quoi on te reconnaît ». Pour soi, c’est « ce par quoi je me reconnais » (devant le miroir). Les gens qui vivent des crises identitaires « ne se reconnaissent plus », ils ne sont plus « identiques à eux-mêmes ».

La définition nous amène vers un problème fréquent du marketing : « qu’est-ce qui différencie ma marque sur le marché? ». Cela nous ramène aussi à un problème du leadership en organisation : « comment affirmer mon leaderhip dans mon organisation? »

Trouver son but dans la vie et le concept de soi

Le concept de soi est si central dans la vie humaine selon psychiatre Dr. Phillip McGraw1 qu’il peut être à la base de désordres majeurs pour une personne. Le concept de soi, c’est littéralement « comment je me conçois moi-même ». Bref, être « mêlé » sur la manière dont on se définit soi-même peut avoir des conséquences graves sur le futur d’un individu. Le développement du concept de soi se fait depuis l’enfance et il teinte le développement de l’individu. C’est un portrait qu’on se fait de soi-même.

Nous entretenons tous un « concept de soi idéal », qui représente nos aspirations à être et devenir ce que nous souhaitons être et devenir. Ce sujet est utilisé en publicité pour associer un produit ou un service à un mode de vie (style de vie) qui soit cohérent avec notre concept de soi idéal. On pourrait même étendre l’interprétation du concept de soi pour lui faire englober la notion de patriotisme ou de nationalisme, en ce qui concerne le biais endogroupe, lorsque le membre d’un groupe d’individus s’identifie fortement au groupe qu’il reconnaît par de signes et symboles distinctifs.

Savoir ce qu’on aime

Moreau dit : « Ils ne savent même pas ce qu’ils aiment. Pour le découvrir, il faudrait qu’ils puissent identifier ce qui domine leur pensées2 . »

Cet exercice de trouver ce qui domine nos pensées ramène souvent le sujet qui le pratique à des notions floues et incomplètes. On pourrait être tenté d’affirmer que ce qui domine nos pensées est innommable, car il ne se trouverait pas de mot dans le dictionnaire pour le nommer adéquatement.

Pour découvrir ce qui domine vos pensées, les tenants de la psychanalyse3 vous recommanderont une psychothérapie durant laquelle on fera l’historique de votre vie depuis votre enfance en identifiant les marqueurs principaux de votre souffrance, dès votre naissance et en relation avec ce qui vous servait de mère (figure maternelle), avec toutes les implications que cela peut entendre4, en nommant vos principaux complexes, etc. La logique derrière cette idée est qu’en éliminant ou en apaisant vos souffrances psychiques conscientes ou inconscientes on pourra libérer votre potentiel inné à vous concevoir vous-même. Ainsi, une personne pourrait se plaindre d’avoir perdu son identité en raison d’un sentiment profond de culpabilité qui n’aurait rien à voir avec la notion d’identité comme tel. L’histoire de la psychanalyse nous permet de conclure que la psyché humaine comporte une certaine dose d’inconscience (de toute évidence cette partie de la psyché, l’inconscient, en nettement majoritaire à la partie consciente puisqu’elle traite aussi l’information de manière implicite comme la respiration). Historiquement, les conclusions des théoriciens de la psychologie ont adressé généralement les problèmes de la psyché humaine en observant des malades. À ma connaissance, il manque de travaux majeurs sur le sujet dont nous faisons état ici, à savoir de trouver la source de motivation majeure des individus. Les textes sur le sujet parleront de « valeurs », ce qui, il est vrai, oriente la vie des gens. On pourrait donc se poser la question : « Quelles sont les valeurs de cette personne? » pour définir ce qui oriente sa vie. On arrivera malheureusement à des notions assez générales comme « famille », « travail », ou « loisirs ».

Une autre méthode consiste tout simplement à noter ce qui occupe la majorité de son temps. Son « occupation », voilà qui peut être approfondi à l’aide d’une méthode de Time and motion study : noter à chaque heure du jour ce qu’on fait pendant une semaine (ce peut être plus précis et sur une durée plus longue). On peut ainsi voir ce à quoi on passe la majorité de son temps. À savoir si cela correspond à sa motivation no1, je ne sais pas, mais ça permet au moins de réaligner ses activités vers un objectif clair.

La méthode Start With Why5 de Simon Sinek nous apprend une structure pour s’identifier sous forme de trois questions clés à la manière de cercles concentriques. La question la plus superficielle est « Quoi? ». Une question plus centrale est « Comment? ». Enfin, la question qui est au cœur de soi est « Pourquoi? ». En d’autres termes, il ne suffit pas de se définir ce selon « Quoi? » : « Je suis un auteur. ». Il ne suffit pas non plus de se définir selon « Comment? » : « Je suis un auteur d’essai. » Il est plus structurant, pour se définir soi-même, mais aussi pour se vendre, de se définir selon « Pourquoi? » : « Je veux aider mon prochain à s’adapter au monde. » Mieux, encore, on peut réunir les trois formules pour expliquer ce qu’on fait et se vendre : « Je veux aider mon prochain à s’adapter au monde. Alors, j’écris des essais. Je suis auteur. »

Dans The Culture Code, Dr. Clotaire Rapaille identifie trois régions du cerveau (division qu’on dira « frontal, limbique, reptilien6 » pour les fins de cet ouvrage). Il situe dans le « cerveau reptilien » des « codes » qui sont à la base des motivations individuelles les plus puissantes. La méthode qu’il utilise durant des focus groups en marketing se déroule ainsi :

  1. FRONTAL : Se présentant comme un extraterrestre qui ne connaît rien de l’humanité, il demande aux participants de nommer tous les concepts qu’ils associe avec un mot en particulier. Pour le mot « identité » (ou plus précisément « mon identité »), les participants pourraient nommer des dizaines de concepts. Le but de cette étape est d’éliminer ce qui est évident. Par exemple : « Pareil, semblable, ton visage, ton nom, ta photo de passeport, ta manière d’être, ta personnalité, etc. » Tout cela réfère au même mot.
  2. LIMBIQUE : Après une pause, il invite les participants à le considérer comme un enfant de cinq ans et de tenter de lui expliquer ce qu’est le mot à définir. Pour « identité » (ou plus précisément « mon identité »), les participants pourraient utiliser des exemples concrets, des images fortes et des histoires de conte de fée pour intéresser et captiver le sujet. Par exemple : « C’est quand tu te regardes dans le miroir. C’est ton nom qu’on t’a donné à ta naissance. C’est ça ton identité. »
  3. REPTILIEN : Après une autre pause, les participants sont invités à se coucher sur des tapis confortables sur le sol, une musique douce est jouée. On invite alors les participants à écrire sur une feuille l’expérience la plus forte ou le premier souvenir qu’ils ont eu du mot en question. Pour « identité » (ou plus précisément « mon identité »), ils écriraient en détail leur expérience en question. À propos, il est utile de faire appel au sens de l’odorat (« Ce que telle scène de mon souvenir me fait penser ») pour obtenir une expression très nette d’une scène à se remémorer7. Un participant écrirait par exemple : « Mon souvenir le plus fort par rapport à mon identité, c’est quand je me suis déguisé en clown à l’Halloween et je devais me regarder dans le miroir pour me maquiller. Je me suis reconnu devant le miroir et je me suis dit que j’étais grand. » Pour ce participant, son « code » pourrait être « se reconnaître devant le miroir » en opposition à « se déguiser/ne pas se reconnaître devant le miroir », ou tout simplement « miroir ».

Cette méthode peut être appliquée individuellement. On peut ainsi découvrir son propre « code » pour différentes sphères de la vie.

Avoir une occupation

« Les gens croient que vivre, c’est être occupé […] Ils ont tellement besoin de faire quelque chose qu’ils « occupent » même leurs loisirs8. » Dans notre monde moderne, le temps, c’est de l’argent. On court toujours en ville, on se stresse. Lorsqu’on a trouvé sa motivation no1, il n’y a plus de frontière aussi étenche entre le monde du travail et le monde des loisirs.

Du sommeil

« Un individu qui ne sait pas se reposer, qui considère comme un crime de flâner, qui méprise les douceurs du sommeil physique, ne peut connaître l’éveil êtrique. […] Je tiens ma formidable énergie de mon amour du sommeil. […] Pourtant, il est évident qu’ils pourraient simplifier leur vie en acceptant tout simplement d’avoir une existence qui ne sert à rien9 . »

1DR MCGRAW, C. Phillip. Self Matters: Creating Your Life from the Inside.

2MOREAU, André. L’effort est le signe de l’erreur.

3À ce jour, les conclusions scientifiques de la psychanalyse sont controversés.

4À ce propos, il est pertinent de s’intéresser aux travaux sur la symbolique du sein de Mélanie Klein.

6RAPAILLE, Clotaire. The Culture Code.

7DR MCGRAW, C. Phillip. Self Matters: Creating Your Life from the Inside.

8MOREAU, André. L’effort est le signe de l’erreur.

9MOREAU, André. L’effort est le signe de l’erreur.

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