Durant mes visites dans des usines du Québec, j’ai entendu les commentaires des manufacturiers à l’égard de la fabrication en Chine. Pour simplifier, disons que les coûts de la fabrication sont réduits au maximum dans ces usines chinoises pour des raisons de logistique, de coût de matière première, de coût de main-d’oeuvre, d’ententes internationales, etc.
Un manufacturier québécois (dont je vais garder l’anonymat) a commenté sur les raisons de ces faibles coûts:
En Chine, ils ne comptent même pas le coût du salaire des employés quand ils calculent le coût de fabrication des pièces. Nous, on ne peut pas se permettre ça. Chaque employé est payé à un salaire raisonnable et OUI, ça paraît dans le coût des pièces.
Aussi, ils achètent leur matière première en quantité industrielle, c’est énorme là-bas. Ça leur coûte moins cher de faire venir de l’acier du Canada, de la faire fondre et de le renvoyer usiné au Québec que de ramasser l’acier chez eux. C’est pas très écologique!
Alors quand on me dit que c’est fait Made in China…
Dans a même ligne de pensée, le film Santa’s Workshop illustre les conditions de travail dans certaines manufactures de Chine:
- Espace de travail inconfortable;
- Nombre d’heures de travail exigées menant à des problèmes de santé;
- Insécurité des lieux de travail;
- Instabilité du salaire…
Mon prof de design, lui, disait avec sérieux et malaise:
Dans certaines usines chinoises, ils mettent un employé dans la salle à peinture. Pas de masque. Pas de système d’aération. Ils le laissent là pendant le temps qu’il peut rester conscient et peindre et ils le sortent quand il a perdu connaissance! C’est un autre peintre qui prend alors sa place.
Les manufacturiers se disent victimes des pratiques de recherche et développement des entreprises chinoises. Il existe un préjugé selon quoi les Chinois copient les produits canadiens les plus rentables afin de les revendre aux canadiens à prix réduit. Ce préjugé ne fait que renforcer l’image négative associée à la Chine dans l’esprit des industriels canadiens. Cette image sombre des conditions de travail en Chine est aussi connue du grand public. Si le consommateur est conscient que le produit est fabriqué en Chine et qu’il associe mentalement Chine avec du négatif, son estime pour la marque et l’entreprise en sont atteints.
Pour répondre aux exigences des consommateurs aujourd’hui, il faut étudier la chaîne de production en détail et compenser pour les erreurs de nature écologique.
Je pense qu’il est possible de fabriquer certains produits en Chine de manière rentable et éthique, en utilisant des stratégies favorisant l’écologie. Cela demande une attention particulière à toutes les étapes de la chaîne de production. Bref, fabriquer un produit en Chine, c’est un « pensez-y bien » !